mercredi 10 janvier 2007

Visite Royale

Comme je le disais hier, un mauvais virus m'a empêché d'avoir la vision bénéfique de l'Envoyée à son banquet hier soir. En fait de virus, vus les symptômes et l'évolution, je soupçonne maintenant une bactérie de réfrigérateur ; ma chère épouse a envers les restes la même attitude superstitieuse que mes parents en leurs temps : tout doit être mangé ; et probablement pour la même raison : le souvenir du rationnement quand ils étaient jeunes. Je fais campagne depuis longtemps pour la cause de la place nette, mais je ne veux pas lui faire de la peine cette fois.

Donc, bloqué au chaud, j'ai le temps de contempler les images locales et d'apprécier la surface qu'elle occupe. Elle était en première page des journaux de lundi, chose que Nicolas n'avait pas eue pour lui-même (il n'était que le monsieur reçu par Hu Jintao ce jour là; il en reçoit tous les jours). Le titre en sino-anglais French party 'can help boost ties' (le parti français peut aider à propulser les relations) m'a appris que 'parti socialiste français' s'écrit tout simplement 'le Parti français', en chinois aussi. (L'autre grand titre, à gauche de la sainte image, explique que la centralisation à Pékin du contrôle des condamnations à mort ne signifie pas qu'on exécutera moins; les affaires intérieures continuent.)


Un petit tour sur Internet à l'aide du moteur de recherche local Baidu (cent degrés de température) m'a permis de voir qu'on la connaît depuis longtemps et qu'on parle beaucoup d'elle. Sa biographie figure sur les sites de référence et on discute ses déclarations. Ainsi j'ai trouvé sur un forum une controverse au sujet du string et du nombril visible des collégiennes, qu'elle aurait condamné il y a deux ans (pas pu vérifier; l'internet français est toujours aussi difficile à atteindre). Sa promesse de mettre dans la loi le mariage des personnes de même sexe est applaudie par un site gay (il y en a ici) qui publie sa photo en compagnie de Bertrand Delanoé et Laurent Fabius, hommes politiques décrits comme gays (ça ne se fait pas encore ici).

Mais son arrivée et la montée du trafic sur son nom montrent qu'elle est imprévoyante: elle a oublié de se faire établir une transcription phonétique unique et gracieuse. J'en ai ramassé quatre et il y en a d'autres. Elles ont quand même deux points commun: la première syllabe du prénom signifie "bouchon, barrage" et se retrouve dans l'embouteillage et l'occlusion intestinale; la première syllabe du nom renvoie au filet pour attrapper les oiseaux. Le Général avait quelque chose de bien meilleur. Son nom en chinois signifie "s'habiller, grand, joyeux". Les grandes firmes font très attention à ça aujourdhui. Jean Claude Decaux, l'afficheur, s'appelle "hauteur de la vertu" (degao). Ségolène devra y passer quand elle sera présidente (ce dont les Chinois ne doutent pas un instant).

C'est l'occasion de dire que la lecture d'un article de journal en chinois est un cauchemar permanent, même avec les aides à la traduction (merci à Wenlin, j'en reparlerai), justement à cause des noms propres que rien n'indique (il n'y a pas de majuscules en chinois) et des techniques sauvages d'intégration des noms étrangers. Le Figaro a droit à une transcription phonétique "coût ajouter filet journal", et Libération à une traduction (jiefang, la libération, comme l'avenue du même nom).

Et comme Ségolène est partout, son portrait en bikini "cinquante ans et toujours belle" a émergé d'un forum de photos coquines, à côté d'une image (très atténuée, nous sommes en Chine) des cinq cents Japonais et Japonaises réunis pour établir un record Guiness, avec renvoi à un site international où on peut trouver les photos originales. Le filtrage d'internet s'intéresse à d'autres sujets.

Aucun commentaire: