mardi 30 janvier 2007

C'est réparé

C'est réparé. Les câbles sous-marins ont été repêchés, raboutés, et Internet fonctionne de nouveau normalement. J'invite donc les lecteurs, s'il y en a, à rejoindre l'adresse principale de ce journal. http://ebolavir.blog.lemonde.fr

dimanche 28 janvier 2007

Chevaux de terre cuite

Ce dimanche, nous sommes partis à la recherche d'un cheval que je rapporterai en France. Posé quelque part dans la maison de famille, il rappellera à ma vieille mère que je suis toujours là. En route vers la rue de la culture traditionnelle dont on est en train d'achever la construction près du fleuve, nous sommes passés devant le jardin du temple de Confucius. Le temple est fermé en attendant d'être reconstruit à neuf; devant l'entrée qui ne sert plus, un marchand de céramique s'est installé en plein air. Sa marchandise ne craint pas la pluie et les clients écartent eux-mêmes la poussière s'ils veulent voir autre chose que ce qu'il a choisi de montrer.


Les chevaux de terre cuite sont exactement pareils à ceux que j'ai vus dans les musées, ceux qui accompagnaient dans sa tombe chaque notable pour lui assurer un train de vie conforme à son rang (aujourdhui, des voitures, meubles et ustensiles de papier suivent le cortège et sont brûlés sur la tombe, avec le même résultat). Ils sont donc d'une qualité raisonnable, que les céramistes d'aujourdhui reproduisent avec beaucoup d'honnêteté. Un peu comme les parties de la Muraille de Chine ouvertes à la visite, neuves mais authentiques, les briques montées à dos d'homme et scellées à la chaux comme il y a six siècles.


Nous croisons un père de famille venu avec son épouse choisir quelques grands vases pour décorer leur intérieur. Il pose devant celui qu'ils vont peut-être acheter. Il tient à la main un magnifique bouquet de fleurs de plastique et de soie. Dommage, l'ombre d'un petit drapeau sur sa figure.


Coup d'oeil sur l'entrée du temple et la marchandise. A gauche on reconnaît le mur de briques grises surmontée d'un toit de tuiles qui date peut-être de l'époque des Ming (Louis XI - Louis XIV) comme le dit le grand panneau pédagogique, et le portique d'entrée aux montants rouges qui retrouvera bientôt ses couleurs. Au centre, des toilettes publiques de l'époque socialiste, comme l'indiquent les petits carreaux rectangulaires de faïence blanche (on peut voir des façades entières d'édifices publics ainsi revêtues) mais ornées d'un petit toit de tuiles ondulé, hommage au lieu. Au-dessus, trois immeubles d'habitation de trente étages qui ont poussé depuis l'année dernière et seront achevés dans quelques mois.Le vase aux trois couleurs, au premier plan à gauche, est d'un dessin moderne, les autres invoquent la tradition.

(pour voir l'image un peu plus grande, cliquer dessus)

samedi 27 janvier 2007

Le chou chinois

En haut, ce sont des choux, en bas des poireaux, les deux légumes de l'hiver. Leurs feuilles sont très serrées. Dehors par temps froid, ils se dessèchent tout doucement en surface, sans se flétrir, et se conservent longtemps. Avec les poireaux on fait de la soupe, ou bien on mange le coeur émincé, cru et roulé dans une petite crêpe chaude avec une fine tranche de viande de canard rôti à la mode de Pékin, la peau caramélisée, ce que nous appelons le canard laqué, et la sauce un peu âcre qui va avec. Le chou sert à tout. Haché fin avec de la viande de porc il va dans les raviolis, en morceaux dans la soupe, coupé fin et sauté un court instant sans perdre son croquant dans les plats de légumes.


En les voyant débordant sur le trottoir je me suis demandé si c'était la réserve d'une famille ou le reste de la vente du jour de la boutique à côté. Les trois caractères "grand blanc chou" à la craie sur le mur me font pencher pour la boutique. Mais ce n'est pas sûr, c'est peut-être la mère de famille qui a crayonné sa commande pour le livreur en tricycle.

Il faut dire qu'ici, dans cette rue du centre ancien pas encore restructuré, l'étranger ne sait pas très bien qui est le commerçant, qui le client et qui le voisin sur le seuil de sa cour. C'est dans des endroits comme celui-ci que mon épouse préfère acheter ce qui est nécessaire au ménage, pas à l'hypermarché.
Pourtant on est ici à trois cent mètres du grand magasin qui vend au premier sous-sol des vraies tablettes de chocolat Côte d'Or à 45 yuans pièce. Pour ce prix là, on peut avoir soixante kilos de choux chinois de qualité moyenne.

jeudi 25 janvier 2007

Il neige



En bas, neige, fini. Il a neigé. L'employée municipale calligraphie la neige avant de la balayer. En fait je n'en sais rien. C'est peut-être une citoyenne ordinaire qui est venue pour le plaisir d'écrire dans le jardin public. Son oeuvre durera un peu plus longtemps que si elle avait été tracée avec de l'eau sur les dalles sèches. La photo n'est pas de moi, elle vient d'un journal du 31 décembre. Aujoudhui aussi il neige.

mardi 23 janvier 2007

L'horloge du siècle



L'horloge du siècle, (shizi zhong : siècle, cloche ou horloge) c'est ce qui est écrit sur l'étiquette géante en bas du socle. Ne vous méprenez pas, ce n'est pas une pendule sur une étagère, c'est un agrandissement qui a cinquante mètres de haut. Les deux taxis rouges minimisent l'échelle, ils sont loin devant. La couronne qui entoure le globe lunaire en bas à gauche fait un tour par minute, et les engrenages se meuvent à la vitesse convenable. Le disque de bronze autour de l'axe vertical met un an à descendre. Les douze signes du zodiaque occidental ornent le cadran, le Bélier en haut. C'est normal, le monument est au centre de la place où se termine l'avenue de la Libération, tracée à la fin du XIXe siècle, axe de la concession européenne. C'est cet objet qui accueille les voyageurs à la sortie de la gare, à droite. A côté, l'accumulation de pendules d'Arman devant la gare Saint Lazare à Paris aurait un petit air amical et rassurant.

Si vous avez droit à cette image, c'est qu' un mauvais sort frappe le pape et la cathédrale, dont les images refusent de passer. Ce sera pour plus tard, quand l'internet sera rétabli.

lundi 22 janvier 2007

Grande misère de l'internet











Wangba cybercafé ........... Wangshang sur la toile

Le mot wang signifie "filet". Le tennis se dit "filet-balle", comme le football se dit "pied-balle".

J'ai l'impression que Internet marche de plus en plus mal avec l'Occident. Or j'en ai besoin tous les jours pour mon courrier électronique, et pour lire le journal Le Monde et Courrier International. Je m'étais abonné avant de partir, pour pouvoir les télécharger et les lire tranquillement (ou ne pas lire). Le seul courrier non chinois qui marche bien est Gmail, du groupe Google, parce qu'il a des machines en Chine. Il vaut mieux ne pas utiliser les services des fournisseurs chinois; certains sites européens refusent leurs messages, comme le ministère des finances français, et même le ministère des affaires étrangères dont dépendent les adresses nominatives des gens du consulat (corrigé l'an dernier).

Est-ce que les surveillants du réseau ont "puni" mon abonnement parce que je fais trop appel à l'international, ou parce que j'ai trop souvent essayé d'atteindre un site non autorisé? Ce soir je suis allé au cybercafé. Ca marche aussi mal qu'a la maison à la même heure. C'est rassurant si on veut; on ne peut pas savoir que c'est moi. Ca me fait penser que je lis de temps en temps qu'il faut donner son identité pour avoir accès au cybercafé. C'est une légende, le seul papier qu'il faut présenter, c'est un billet de 10 yuans qui représente 5 heures de connexion. On reçoit une carte avec un numéro de place. En partant, on repasse au comptoir et le préposé rend ce qui reste du billet en échange de la carte.

En fait, ce n'est pas tout à fait une légende, c'est le souhait du ministre de l'industrie de l'information. Le même ministre a aussi annoncé que bientôt les auteurs de blogs devront s'enregistrer sous leur vrai nom et fournir le numéro d'une pièce d'identité. Protestation de l'industrie: pour consulter la base de données des cartes d'identité, il faut payer 5 yuans (0,5 euro); comme il y a à peu près 20 millions de blogs sur les serveurs chinois, ce serait cher. Pour l'instant, personne ne fait comme le veut le ministre. L'année dernière, en m'abonnant à la messagerie (gratuite), j'avais dû donner un numéro de pièce d'identité. J'avais donné mon numéro de passeport, en me trompant; j'avais pris celui noté dans mon agenda, le numéro de mon précédent passeport renouvelé juste avant de partir. La base de données des permis de séjour contient le nouveau numéro. Il ne s'est jamais rien passé.

A part ça, le journal télévisé vient de montrer l'arrestation d'un groupe dans un cybercafé. Nous avons vu les policiers en armes prendre position au milieu des rangées d'écran et les jeunes gens arrêtés sortir dans la rue. Un monsieur en uniforme interviewé a expliqué qu'ils s'occupaient d'un site de prostitution. J'ai eu l'impression que c'était une mis en scène, mais c'est difficile de savoir. La surveillance de l'internet intérieur existe, et le gouvernement en fait même la publicité. C'était peut-être une publicité.

Mon cybercafé, où j'allais au moins une fois par semaine l'année dernière, et moins souvent depuis que j'ai un abonnement à la maison, avait fermé pour rénovation. Son système local connaissait le nom de sites interdits. Si on tapait l'adresse, le poste de travail se bloquait en affichant un message "Cette page virtuelle ne doit pas être rendue visible". J'ai voulu photographier le fameux message, mais ça ne fonctionne plus. On voit maintenant apparaître le même message qu'à la maison "L'adresse de ce site a été perdue pendant la transaction", comme si c'était une panne du réseau. D'ailleurs, c'était désordonné. Des sites interdits au cybercafé étaient accessibles ailleurs. Le gestionnaire s'est probablement débarrassé d'un souci.

Pour revenir à mon sujet de départ, en ce moment on ne sait plus. Il y avait deux sortes de sites étrangers interdits: ceux qui disparaissent au moment de s'y connecter, et ceux qui ne répondent jamais, jusqu'à ce qu'apparaisse le message "ce site est surchargé ou hors service ...". En ce moment, c'est la situation pour tous sauf quelques uns qui répondent moins mal, comme le journal Le Monde, et à certaines heures favorables du petit matin. Il y a aussi les mots interdits dans l'adresse de la page. La page s'affiche blanche, même si le site est autorisé. C'est ainsi qu'une partie du site de l'ambassade de Chine en France, qui dit du mal d'une secte interdite, est inaccessible depuis la Chine. Le mot interdit est en haut à droite de la page d'accueil. (en fait, le site de l'ambassade de Chine à Paris a déménagé; avec l'amélioration des communications, il est hébergé sur un serveur en Chine; mais l'ancien, qui n'a pas été mis à jour depuis 2003, était encore accessible fin décembre, avant la panne). Quand un abonné a essayé trop de fois d'accéder à des pages interdites, plus rien ne marche, toutes les pages demandées s'affichent blanches. Il suffit de se déconnecter et se reconnecter, et tout fonctionne de nouveau.

Le site qui me permet d'écrire en ce moment est aux Etats Unis, avec un relai en Chine dans le réseau Google, donc il fonctionne à peu près bien, avec des heures de faiblesse. Je finis tant qu'il marche bien.

dimanche 21 janvier 2007

Loin de Lisieux


C'est sainte Thérèse, à droite du choeur de la cathédrale. J'ai pris la photo un jour de semaine, en fin de matinée pour avoir une bonne lumière. Il n'y avait que les paroissiens installés au premier rang de la nef pour accueillir les visiteurs. Ils m'ont remis le papier explicatif, où j'ai appris que la cathédrale a été construite vers 1914 par les Français, dévastée et fermée au moment de la révolution culturelle, puis restaurée par la municipalité et réouverte en 1990.

Pas moyen de montrer d'autres images aujourdhui, internet fonctionne trop mal et j'ai peur que même ce message ne passe pas, mais j'y reviendrai demain, à une heure favorable. L'Eglise officielle est pleine de surprises.

samedi 20 janvier 2007

Véhicule utilitaire


J'avais envie de la montrer, mais je voulais un cadre typique. Ici nous sommes devant le grand restaurant musulman qui fait le coin de notre rue, tout juste rénové. Le soleil orange sur la vitrine est une calligraphie arabe. Pas d'inquiétude, les serveuses ne sont pas voilées, et on boit de la bière. Celui qui est un peu plus haut dans l'avenue possède une brasserie, on voit les cuves en cuivre depuis la salle.

Ce petit véhicule, c'est un Tianjin Huali. On le croise partout dans la ville et autour. On le fabrique depuis plus de 20 ans. Le premier modèle était une copie de mini-van japonais. Il grandit de génération en génération. Celui de la première photo est plus ancien. La mécanique est indestructible, traction arrière, essieu rigide et suspension à ressorts à lames. Mais ici on a l'habitude de s'asseoir sur du dur. On peut tout y mettre. Les gens qui nous ont empêchés de dormir en octobre arrivaient le soir avec le compresseur, les marteaux-piqueurs, et quatre travailleurs de la campagne dedans. Il suffit d'ouvrir les portes, mettre le compresseur en route et le travail commence.


Dedans, ça rappelle le combi Volkswagen ou l'Estafette, ceux qui sont assez vieux pour s'en souvenir reconnaîtront. Dans les années 1990, le personnel des entreprises d'Etat qui ajustaient leurs effectifs a eu droit à des crédits pour en acheter, aménagés en taxi avec quatre places à l'arrière. On les surnommait "mianbao"; avec leur peinture jaune, ils ressemblaient exactement aux paquets de pain de mie en tranches sous plastique des boulangeries industrielles. Et puis, brusquement, entre 2004 et 2005, tous les taxis ont acheté des petites voitures rouges où on est aussi serré. Il faut aller à Pékin ou à Nanjing pour être bien assis, et payer plus cher.


Garé juste derrière, la nouvelle voiture du patron du restaurant, un 4X4 Nissan Paladin, fabriqué en Chine par les Japonais. Ou peut-être importé, s'il veut vraiment montrer sa réussite. Un de ses confrères possède un Hummer, la voiture de Schwarzenegger; pas de discussion, celui-là vient d'Amérique.

jeudi 18 janvier 2007

Un mois avant la nouvelle année

jin zhou hereng nian or cochon célébration année

Célébrons l'année du cochon d'or. Le caractère au centre réunit en haut la force et la bouche qui ensemble symbolisent l'accroissement, en bas le symbole de l'argent. Que l'argent grandisse, qu'il nous fasse grandir. Les commerçants sont d'accord. Un mois avant la nouvelle année, la semaine d'or, ils sont prêts (ce sera le 18 février de l'ère commune).

On finit de planter sur le trottoir les arbres fleuris dont les branches portent les petites enveloppes rouges où on mettra les étrennes des enfants. Chez mes amis Chinois en France, dans ceux des grandes personnes il y avait un ticket de loto aux chiffres favorables. Personne n'a encore gagné.

On trouvera pour la fête, sur les marchés et chez les fleuristes, des branches d'arbustes qu'on aura persuadés de fleurir au bon moment. Celles-ci doivent garder une bonne mine dans le froid et le vent du nord. Elles sont en plastique, greffées sur un tronc de bois taillis. Elles ne manquent quand même pas d'allure.

Le saint patron (je ne dis pas le dieu, on m'accusera de contresens) de la richesse s'est installé devant l'hypermarché, et brandit son lingot d'or rempli d'air. Sans importance; dans le monde surnaturel les signes valent autant que les choses. Là-dessus lisez le RP Henri Doré qui écrivit en 1926 le Manuel des superstitions chinoises .


A l'intérieur de l'hypermarché, les petits cochons tirelires en promotion (le grand 30 yuans, le petit 12 yuans, le très grand en vraie porcelaine 125 yuans) accueillent les maîtresses de maison à l'entrée du rayon des décors de fête pour la maison. Le jeune vendeur, en bleu avec un badge, a essayé de m'expliquer les caractères sur les guirlandes et les papiers découpés; il voulait que l'étranger reparte avec ce qui convient à sa famille. Son rayon propose aussi des dessous de dentelle rouge; ceux-là ne sont pas mentionnés dans la notice publiée par l'office d'information du 'gouvernement' de Taiwan (le présent texte est conforme aux règles typographiques applicables dans l'empire quand on écrit sur la province de Taiwan; on doit mettre 'président', 'assemblée', 'ministre', entre guillemets, puisque ce sont des titres de fantaisie, conférés à la suite d''élections' et de 'nominations' hors de l'autorité impériale. ) Donc, cette notice m'apprend que, le deuxième ou le troisième jour, les épouses peuvent rendre visite à leur ancienne famille.

Voila pourquoi ma chère moitié a choisi de me faire prendre l'avion pour aller en extrême-occident voir ma famille, le troisième jour de la nouvelle année.

mercredi 17 janvier 2007

Conduisez prudemment

La voiture roule sur la voie réservée aux vélos; le conducteur téléphone en roulant. Tout le monde téléphone en roulant, les chauffeurs d'autobus aussi. Heureusement, personne ne va vite en ville. Le grand panneau bleu rappelle "Roulez en sécurité. S'il vous plait, ne conduisez pas en étant fatigué. Rappelez vous, la fraternité est une grand maison." En haut de l'immeuble sur fond rouge "Capable de réjouir la bouche", Coca-cola en chinois. Ecrites en caractères, les banalités ont une autre allure.

Le nombre officiel des morts sur la route pour 2006 est 89445, en baisse de 9,5% sur l'année précédente, et passe en dessous de 90 000 pour la première fois depuis 2000. Pour le nombre de tués par voiture, la Chine est un peu comme la France vers 1970, avec à peu près 30 millions de voitures en circulation, sans compter les camions et les autobus, et 4,4 millions de voitures neuves en 2006, certains disent 6 millions. Une bonne partie sont des voitures de fonction ou officielles. Une plaisanterie courante: "la Chine est un pays pacifique; d'ailleurs le budget des voitures pour les fonctionnaires civils est supérieur à l'ensemble du budget militaire."

mardi 16 janvier 2007

En deça de la Grande Muraille de Toile

Nous venons de franchir la mi-janvier, date annoncée par les officiels des télécommunications chinoises pour le retour à une situation normale de l'internet avec le reste du monde, après les dégâts du tremblement de terre. En réalité, c'est toujours aussi lent avec l'Europe, un peu meilleur avec l'Amérique et le Japon. Le seul site international qui fonctionne aussi bien que s'il était en Chine est Google, mais c'est parce qu'il est en Chine, justement. D'après Andrew Li , spécialiste du sujet, les circuits provisoires fonctionnent bien, mais c'est le filtrage aux portes de la Grande Muraille qui n'est pas à la hauteur. Tout ce qui passe est examiné; les équipements de filtrage des circuits provisoires n'ont pas un débit suffisant. Patience, les navires sont en train de repêcher et réparer les câbles rompus au fond de la mer de Chine. Les responsables à terre ont annoncé "fin du mois", ceux à bord "dans un mois".

En attendant, on peut visiter le site de la cyberpolice de l'empire. Cliquer sur le petit policier, logo officiel emprunté à un portail local. Ils sont nombreux à l'afficher.

Je me console en me disant que l'auteur de "un oeil sur la Chine", blog vedette du Monde, est au même régime que moi. Son quotidien est devenu hebdomadaire, au mieux. Le présent site provisoire, qui dépend de Google, peut être mis à jour sans trop de problème. Ce n'est pas une affaire de censure du site du Monde. Aux heures favorables, on peut tout lire, y compris les dissidents, mais c'est trop lent pour pouvoir écrire.

A part ça, on vient de me faire découvrir une Chinoise, qui écrit en français mieux que les gens dont c'est la langue maternelle. Le papillon ou la neige. Titre chinois "entre rêve et réalité, danser dans l'air". Citation du jour:
"La mort me rend pessimiste, mais quand j’hésite de faire une chose qui me plaît et que je n’ai pas assez de courage de faire, je pense à la mort pour m’encourager : elle peut m’attendre de loin, mais aussi de près, je choisis donc de faire."
Le "on", c'est Guillaume, professeur de français à l'université de Shanghai et émigré intellectuel. Il m'agace, parce qu'il est installé dans le nouveau monde comme je n'y arriverai pas, et trouve ça tout naturel. J'essaie.

lundi 15 janvier 2007

Le temple Chan (suite)

J'ai publié aujourdhui lundi l'histoire de ma visite au temple bouddhiste de Guajiasi, que j'avais renoncé à terminer samedi. Mais la magie de la gestion des articles l'a placée à la date où je l'avais commencée. Si vous avez envie de le lire, remontez un peu le temps. Et respirez l'encens mêlé à la brume . Derrière, on devine la galerie ouest du temple. On est au pied des marches du sanctuaire à droite.

dimanche 14 janvier 2007

Le cochon d'or

feu chien année or cochon année

Tout à l'heure, je suis allé à l'hypermarché acheter des yaourts (ouvert aujourdhui dimanche comme tous les jours de 8h à 22h, rien ne s'arrête jamais ici). Je n'y étais pas allé depuis une semaine. Le petit rayon des guirlandes de Noël est parti. Les décors du Nouvel An sont en place partout. Bientôt nous irons acheter les papiers découpés chez la marchande qui s'installera dans notre rue.

Je triche, les photos ont été prises l'année dernière. Les gens à l'oeil exercé peuvent y voir le chien de l'année qui se termine. Le cochon était déja là pour ceux qui voulaient penser à l'avenir. Son temps est arrivé. A l'année du chien de feu succède l'année du cochon d'or. Les caractères précédés d'une patte griffue sont ceux des animaux. On reconnaît le feu, deux flammes sortant du triangle de bois. Pour l'explication du cycle des cinq éléments ( bois, feu, terre, métal, eau) et des douze animaux, consultez votre magazine habituel, ils vont en parler.



Sur la table, on voit les piles de papier découpé ordinaire fait en série. Au-dessus, les échantillons d'images plus fines, vendues à l'unité, que la marchande séparera précieusement de leur paquet pour les remettre au client entre deux feuilles de papier de soie.

samedi 13 janvier 2007

Ce n'est pas le temple Chan

J'avais l'intention de raconter ma visite au temple bouddhiste Chan (zen en japonais) où on m'a offert des bonbons et un livre que je ne peux pas encore lire. Mais les images refusent d'apparaître. Ce sera pour demain. J'avais l'intention de commencer en en expliquant le caractère qui désigne le Bouddha et se prononce "fo", très rare syllabe qui n'est représentée que par un seul caractère (en haut à gauche). Selon une blague impie, il représente un homme qui s'appuie sur le symbole du dollar. L'homme (l'être humain) est représenté par deux traits. L'autre partie signifie "agir contre un obstacle". On la retrouve, au-dessus du symbole de l'argent, dans le caractère qui signifie "payer" (l'argent supprime l'obstacle ?); c'est un caractère très courant. Et on prétend que les moines bouddhistes ont tendance à insister sur les dons, moyen pour le fidèle de lever les obstacles vers la délivrance.

Le totem asiatique que vous voyez ci-dessous n'est pas le temple zen. C'est le siège du quotidien local, planté tout seul au coin d'un carrefour. La foule des grands immeubles qui poussent plus au nord ne l'a pas encore rejoint. Ici on aime beaucoup ces constructions qui marquent le paysage comme le faisaient les tours des temples autrefois.

Le temple Chan

gua jia chan si abri premier méditation temple


Le 3 janvier, je me suis perdu en me promenant seul au sud de la ville. Brouillard et froid, ma chère épouse, qui ne travaillait pas, récupération de sa permanence de dimanche, était restée au chaud. D'habitude, quand nous nous promenons, elle part au hasard et demande son chemin, pendant que je regarde sur la carte où nous sommes. Quand le passant a dit la même chose que la carte, nous repartons rassurés. Mais cette fois, avec l'échangeur qui bouche la vue et aucune grande tour visible dans le ciel opaque, je m'étais résigné à revenir sur mes pas jusqu'à la station de métro, quand j'ai vu entre deux immeubles un bout de toit de tuiles rouges couronné de petits dragons. Une dame portant un carton de pâtissier franchissait le seuil et des chants s'élevaient à l'intérieur.

Je suis accueilli par le grand écran qui protège l'intérieur contre les démons qui vont en ligne droite mais que les hommes savent contourner. Il représente une dame que j'ai déja vue sur des images mais que je ne connais pas. La sculpture est toute neuve. Devant, des fleurs en soie et des coussins pour s'agenouiller, je suis bien dans un temple.


Dans le passage que je dois emprunter, des dames s'apprêtent à déballer des cartons. Sur leur blouse, là où on brode le logo de la société, c'est le caractère 'fo' du Bouddha.


Je marche dans la cour. Une grande galerie de chaque côté, et le bâtiment principal au centre. C'est de là que viennent les chants. L'encens fume dans le bassin de bronze, des gens montent l'escalier.



En haut, je n'ose pas rentrer. Les derniers arrivés s'alignent pour saluer le Bouddha doré avant de prendre leur place sur les côtés.

Un jeune homme s'adresse à moi en anglais. Il est inquiet de savoir si je connais la Chine et si je l'aime. Je lui assure que je l'aime et que je ne la connais pas. En fait, je suis aussi embarrassé qu'un Chinois devant la crêche de Noël pour dire la signification de ce que je vois. Il m'explique que c'est aujourdhui "a very special day" et qu'il est venu faire ses dévotions. Puis il redescend et remonte lentement l'escalier, en s'inclinant à chaque marche.

Chacun de ceux qui arrivent accroche son sac à la balustrade de marbre. Certains revêtent un grand manteau brun avant de rentrer. Je ne me sens pas à ma place.

Je redescend vers la galerie de droite, côté est, où j'avais cru voir une boutique d'objets pieux. Trois vieilles dames en robe brune me voient arriver et me demandent d'approcher de leur table. Elle est couverte de petits livres et j'en ouvre un. Une des vieilles dames me demande en chinois si je sais lire. Je réponds "un peu", ce qui est exagéré, je n'ai reconnu aucun caractère ou presque, ce doit être de la langue ancienne. Je demande "guwen ma?" (est-ce que c'est du vieux chinois?). Très prétentieux, mais cela les enthousiasme. L'une d'elles va chercher un beau livre édité à l'ancienne, en colonnes de droite à gauche, "l'écrit de jade" comme je le déchiffrerai après être rentré à la maison, édité par la Société Bouddhiste Amitabha dont le siège est à Singapour. Il faut que je l'accepte. On ne peut pas l'acheter et il n'y a pas de tronc pour les offrandes.


Avant de partir, je photographie une plaque de marbre toute neuve sur le mur d'un petit bâtiment qui vient d'être terminé. Je peux lire (grâce à mon dictionnaire) "Respectez le Bouddha, construisez son temple. La grâce provient des dons." Je n'ai pas compris grand chose à ce que j'ai vu, il faudra que je commence à étudier le bouddhisme, mais je suis rassuré: c'est une religion établie. D'ailleurs, depuis, j'ai trouvé le site web du temple, qui m'a appris qu'il fut construit il y a 1300 ans, pour la dévotion des soldats d'un empereur Tang, et reconstruit pour la dernière fois à partir de 1994. Je suppose qu'il était à la campagne, à une lieue de la ville. Aujourdhui il est cerné par des bâtiments médiocres; de l'intérieur, on les voit à peine.

vendredi 12 janvier 2007

CA933



L'aéroport OTAN de Laon Athies, c'est ce que je verrai par le hublot de l'un des navires du vide des nations étrangères de la nation centrale (trois mots de deux syllabes, à lire de droite à gauche, ci-dessus), le 21 février vers 16 heures (heure française) si l'avion n'est pas en retard après dix heures à la poursuite du soleil. Celui d'où cette photo a été prise l'était, et le billet de train déja réservé qui m'attendait dans les distributeurs de la gare TGV de Roissy CDG1 n'a pas été utilisé. Vol Air China CA933, Beijing-Paris, quotidien, Airbus 340. Si tout se passe comme il est écrit sur le billet, je monterai dans le même avion nettoyé et ravitaillé, trente jours après, le soir du 23 mars.

En attendant, contemplons ce gracieux dessin. Chaque pétale de béton clair était destiné au repos d'un bombardier stratégique à destination des armées ou des villes du bloc soviétique. L'ensemble a été construit dans les années 1950 sur les ruines d'un aérodrome militaire allemand des années 1940 dont on distingue encore les deux pistes en diagonale. Aucun des deux n'a eu le temps de servir.

mercredi 10 janvier 2007

Visite Royale

Comme je le disais hier, un mauvais virus m'a empêché d'avoir la vision bénéfique de l'Envoyée à son banquet hier soir. En fait de virus, vus les symptômes et l'évolution, je soupçonne maintenant une bactérie de réfrigérateur ; ma chère épouse a envers les restes la même attitude superstitieuse que mes parents en leurs temps : tout doit être mangé ; et probablement pour la même raison : le souvenir du rationnement quand ils étaient jeunes. Je fais campagne depuis longtemps pour la cause de la place nette, mais je ne veux pas lui faire de la peine cette fois.

Donc, bloqué au chaud, j'ai le temps de contempler les images locales et d'apprécier la surface qu'elle occupe. Elle était en première page des journaux de lundi, chose que Nicolas n'avait pas eue pour lui-même (il n'était que le monsieur reçu par Hu Jintao ce jour là; il en reçoit tous les jours). Le titre en sino-anglais French party 'can help boost ties' (le parti français peut aider à propulser les relations) m'a appris que 'parti socialiste français' s'écrit tout simplement 'le Parti français', en chinois aussi. (L'autre grand titre, à gauche de la sainte image, explique que la centralisation à Pékin du contrôle des condamnations à mort ne signifie pas qu'on exécutera moins; les affaires intérieures continuent.)


Un petit tour sur Internet à l'aide du moteur de recherche local Baidu (cent degrés de température) m'a permis de voir qu'on la connaît depuis longtemps et qu'on parle beaucoup d'elle. Sa biographie figure sur les sites de référence et on discute ses déclarations. Ainsi j'ai trouvé sur un forum une controverse au sujet du string et du nombril visible des collégiennes, qu'elle aurait condamné il y a deux ans (pas pu vérifier; l'internet français est toujours aussi difficile à atteindre). Sa promesse de mettre dans la loi le mariage des personnes de même sexe est applaudie par un site gay (il y en a ici) qui publie sa photo en compagnie de Bertrand Delanoé et Laurent Fabius, hommes politiques décrits comme gays (ça ne se fait pas encore ici).

Mais son arrivée et la montée du trafic sur son nom montrent qu'elle est imprévoyante: elle a oublié de se faire établir une transcription phonétique unique et gracieuse. J'en ai ramassé quatre et il y en a d'autres. Elles ont quand même deux points commun: la première syllabe du prénom signifie "bouchon, barrage" et se retrouve dans l'embouteillage et l'occlusion intestinale; la première syllabe du nom renvoie au filet pour attrapper les oiseaux. Le Général avait quelque chose de bien meilleur. Son nom en chinois signifie "s'habiller, grand, joyeux". Les grandes firmes font très attention à ça aujourdhui. Jean Claude Decaux, l'afficheur, s'appelle "hauteur de la vertu" (degao). Ségolène devra y passer quand elle sera présidente (ce dont les Chinois ne doutent pas un instant).

C'est l'occasion de dire que la lecture d'un article de journal en chinois est un cauchemar permanent, même avec les aides à la traduction (merci à Wenlin, j'en reparlerai), justement à cause des noms propres que rien n'indique (il n'y a pas de majuscules en chinois) et des techniques sauvages d'intégration des noms étrangers. Le Figaro a droit à une transcription phonétique "coût ajouter filet journal", et Libération à une traduction (jiefang, la libération, comme l'avenue du même nom).

Et comme Ségolène est partout, son portrait en bikini "cinquante ans et toujours belle" a émergé d'un forum de photos coquines, à côté d'une image (très atténuée, nous sommes en Chine) des cinq cents Japonais et Japonaises réunis pour établir un record Guiness, avec renvoi à un site international où on peut trouver les photos originales. Le filtrage d'internet s'intéresse à d'autres sujets.