lundi 22 janvier 2007

Grande misère de l'internet











Wangba cybercafé ........... Wangshang sur la toile

Le mot wang signifie "filet". Le tennis se dit "filet-balle", comme le football se dit "pied-balle".

J'ai l'impression que Internet marche de plus en plus mal avec l'Occident. Or j'en ai besoin tous les jours pour mon courrier électronique, et pour lire le journal Le Monde et Courrier International. Je m'étais abonné avant de partir, pour pouvoir les télécharger et les lire tranquillement (ou ne pas lire). Le seul courrier non chinois qui marche bien est Gmail, du groupe Google, parce qu'il a des machines en Chine. Il vaut mieux ne pas utiliser les services des fournisseurs chinois; certains sites européens refusent leurs messages, comme le ministère des finances français, et même le ministère des affaires étrangères dont dépendent les adresses nominatives des gens du consulat (corrigé l'an dernier).

Est-ce que les surveillants du réseau ont "puni" mon abonnement parce que je fais trop appel à l'international, ou parce que j'ai trop souvent essayé d'atteindre un site non autorisé? Ce soir je suis allé au cybercafé. Ca marche aussi mal qu'a la maison à la même heure. C'est rassurant si on veut; on ne peut pas savoir que c'est moi. Ca me fait penser que je lis de temps en temps qu'il faut donner son identité pour avoir accès au cybercafé. C'est une légende, le seul papier qu'il faut présenter, c'est un billet de 10 yuans qui représente 5 heures de connexion. On reçoit une carte avec un numéro de place. En partant, on repasse au comptoir et le préposé rend ce qui reste du billet en échange de la carte.

En fait, ce n'est pas tout à fait une légende, c'est le souhait du ministre de l'industrie de l'information. Le même ministre a aussi annoncé que bientôt les auteurs de blogs devront s'enregistrer sous leur vrai nom et fournir le numéro d'une pièce d'identité. Protestation de l'industrie: pour consulter la base de données des cartes d'identité, il faut payer 5 yuans (0,5 euro); comme il y a à peu près 20 millions de blogs sur les serveurs chinois, ce serait cher. Pour l'instant, personne ne fait comme le veut le ministre. L'année dernière, en m'abonnant à la messagerie (gratuite), j'avais dû donner un numéro de pièce d'identité. J'avais donné mon numéro de passeport, en me trompant; j'avais pris celui noté dans mon agenda, le numéro de mon précédent passeport renouvelé juste avant de partir. La base de données des permis de séjour contient le nouveau numéro. Il ne s'est jamais rien passé.

A part ça, le journal télévisé vient de montrer l'arrestation d'un groupe dans un cybercafé. Nous avons vu les policiers en armes prendre position au milieu des rangées d'écran et les jeunes gens arrêtés sortir dans la rue. Un monsieur en uniforme interviewé a expliqué qu'ils s'occupaient d'un site de prostitution. J'ai eu l'impression que c'était une mis en scène, mais c'est difficile de savoir. La surveillance de l'internet intérieur existe, et le gouvernement en fait même la publicité. C'était peut-être une publicité.

Mon cybercafé, où j'allais au moins une fois par semaine l'année dernière, et moins souvent depuis que j'ai un abonnement à la maison, avait fermé pour rénovation. Son système local connaissait le nom de sites interdits. Si on tapait l'adresse, le poste de travail se bloquait en affichant un message "Cette page virtuelle ne doit pas être rendue visible". J'ai voulu photographier le fameux message, mais ça ne fonctionne plus. On voit maintenant apparaître le même message qu'à la maison "L'adresse de ce site a été perdue pendant la transaction", comme si c'était une panne du réseau. D'ailleurs, c'était désordonné. Des sites interdits au cybercafé étaient accessibles ailleurs. Le gestionnaire s'est probablement débarrassé d'un souci.

Pour revenir à mon sujet de départ, en ce moment on ne sait plus. Il y avait deux sortes de sites étrangers interdits: ceux qui disparaissent au moment de s'y connecter, et ceux qui ne répondent jamais, jusqu'à ce qu'apparaisse le message "ce site est surchargé ou hors service ...". En ce moment, c'est la situation pour tous sauf quelques uns qui répondent moins mal, comme le journal Le Monde, et à certaines heures favorables du petit matin. Il y a aussi les mots interdits dans l'adresse de la page. La page s'affiche blanche, même si le site est autorisé. C'est ainsi qu'une partie du site de l'ambassade de Chine en France, qui dit du mal d'une secte interdite, est inaccessible depuis la Chine. Le mot interdit est en haut à droite de la page d'accueil. (en fait, le site de l'ambassade de Chine à Paris a déménagé; avec l'amélioration des communications, il est hébergé sur un serveur en Chine; mais l'ancien, qui n'a pas été mis à jour depuis 2003, était encore accessible fin décembre, avant la panne). Quand un abonné a essayé trop de fois d'accéder à des pages interdites, plus rien ne marche, toutes les pages demandées s'affichent blanches. Il suffit de se déconnecter et se reconnecter, et tout fonctionne de nouveau.

Le site qui me permet d'écrire en ce moment est aux Etats Unis, avec un relai en Chine dans le réseau Google, donc il fonctionne à peu près bien, avec des heures de faiblesse. Je finis tant qu'il marche bien.

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